La sublime frivolité de l'Être manifesté!

La sublime frivolité de l'Être manifesté!

La sublime frivolité de l’Être manifesté!

 

La conscience d’Être se partage dans l’espace entre les mots. Mes yeux, qui ne sont plus les miens, perçoivent le monde à partir d’une ouverture aussi impersonnelle que personnelle. Il y a cette dilatation des choses, comme si l’air, le soleil, la matière, la Vie elle-même s’étaient gorgés de ce vide plein, de cet état d’Être. L’infiniment grand se love dans l’infiniment petit et au cœur de chaque cellule se trouve un trou noir. C’est terrier par lequel Alice accède au pays des merveilles, rempli d’inespoir : absence de promesse, absence d’espoir ou de désespoir. En ce trou noir, il n’y a que pure potentialité, que la Vie qui se met au monde à chaque instant renouvelé. Dans le non-temps, il n’existe que ce qui Est, notre nature se révélant dans l’instantanéité de son immobile déploiement.

En cet éternel maintenant, les paragraphes fleurissent comme des lotus, sans « pré-méditation ». Il ne subsiste aucune attente, car le mental demeure un outil et ne se prend plus pour un maître.

Dans l’avant de cette éclosion, j’ai si longtemps poursuivi ce que l’on espère derrière tous nos vœux : l’amour, la reconnaissance, la sécurité, le confort, l’immortalité même! J’ai cherché la compétence, le succès, mon bonheur, celui des gens que j’aime… J’ai remué ciel et terre, jusqu’à cracher de mon propre sang, jusqu’à désespérer de ma propre fin. Aujourd’hui, il est vu avec une telle évidence que tout cela était vain. Je recherchais ailleurs le puits de lumière qui traversait déjà mon cœur. Je confondais ce qui est souhaitable avec ce qui n’est pas douloureux et je fuyais, sans le savoir, mon authenticité. J’étais comme un poisson déshydraté; je croyais connaître ce à quoi j’aspirais, alors que j’étais assoiffée de moi-même.

Je souris en écrivant ces lignes, puisque je ne garde aucun souvenir d’avoir craché de mon propre sang et d’avoir désespéré de ma propre fin! Les vérités sont multiples et ces mots naissent d’une constatation primordiale : nous sommes tous les facettes d’un même diamant. Je suis ce que vous êtes qui est traversé par la contraction d’une douleur devenue souffrance. Ma douleur ou la vôtre, avons-nous une préférence? L’impersonnel et le personnel s’entremêlent, je suis vous, vous êtes moi, tout est Moi, tout est Je. Et l’espoir du monde, son désespoir, s’engouffrent inexorablement dans mes racines qui sont les nôtres, connectées au Ciel et à la Terre. Tel un chemin de transcendance!

Nous sommes en pleine mutation, comme des chenilles dans leur cocon. Nous ensemençons un nouveau jardin, abreuvés à notre propre Source. Il n’y a plus rien à espérer et il n’y a plus de désespoir qui tienne, puisque le personnage qui croyait savoir ce qui est souhaitable a abdiqué. Il ne subsiste que l’ineffable : notre êtreté atemporelle, créatrice, créature et création! Ceci n’est pas un espoir, c’est une certitude. Cela existe déjà, dans l’espace indicible de l’éternel maintenant. Lorsque le personnage s’agenouille, il ne reste que l’inespoir de ce que nous avons toujours été : incarnation sacrée divinement manifestée, à la fois vide et remplie d’elle-même, naturelle et illimitée!

C’est d’un amour tendre et amusé que je dépose ce partage, telle une offrande délicieusement futile. Je le savoure en cet instant comme un sorbet, un biscuit ou un thé d’Aix-en-Provence, mon pays des merveilles préféré! Alice est devenue reine et danse avec passion sous les fruits de ses propres concoctions! Oh, douce Vie que nous sommes! Oh, sublime frivolité de l’Être dans sa manifestation!

 

Cet article a été publié dans la Revue du 3e millénaire, no. 157, automne 2025 : Au-delà de l’espoir et du désespoir - Espérance et inespoir

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